sábado, 4 de abril de 2009

Les foules

Podría hacer un comentario sobre el concierto al que fui ayer, pero prefiero usar a Baudelaire, que estaba mucho más enfermo que yo.

Il n'est pas donné à chacun de prendre un bain de multitude : jouir de la foule est un art; et celui-là seul peut faire, aux dépens du genre humain, une ribote de vitalité, à qui une fée a insufflé dans son berceau le goût du travestissement et du masque, la haine du domicile et la passion du voyage.

Multitude, solitude: deux termes égaux et convertibles pour le poëte actif et fécond. Qui ne sait pas peupler sa solitude, ne sait pas non plus être seul dans une foule affairée.

Le poëte jouit de cet incomparable privilège, qu'il peut à sa guise être lui-même et autrui. Comme ces âmes errantes qui cherchent un corps, il entre, quand il veut, dans le personnage de chacun. Pour lui seul, tout est vacant; et si de certaines places paraissent lui être fermées, c'est qu'à ses yeux elles ne valent pas la peine d'être visitées.

Le promeneur solitaire et pensif tire une singulière ivresse de cette universelle communion. Celui-là qui épouse facilement la foule connaît des jouissances fiévreuses, dont seront éternellement privés l'égoïste, fermé comme un coffre, et le paresseux, interné comme un mollusque. Il adopte comme siennes toutes les professions, toutes les joies et toutes les misères que la circonstance lui présente.

Ce que les hommes nomment amour est bien petit, bien restreint et bien faible, comparé à cette ineffable orgie, à cette sainte prostitution de l'âme qui se donne tout entière, poésie et charité, à l'imprévu qui se montre, à l'inconnu qui passe.

Il est bon d'apprendre quelquefois aux heureux de ce monde, ne fût-ce que pour humilier un instant leur sot orgueil, qu'il est des bonheurs supérieurs au leur, plus vastes et plus raffinés. Les fondateurs de colonies, les pasteurs de peuples, les prêtres missionnaires exilés au bout du monde, connaissent sans doute quelque chose de ces mystérieuses ivresses; et, au sein de la vaste famille que leur génie s'est faite, ils doivent rire quelquefois de ceux qui les plaignent pour leur fortune si agités et pour leur vie si chaste.


(Sumergirse en la multitud no es para todos: gozar de la muchedumbre es un arte; una francachela de vitalidad a expensas del género humano y sólo puede dársele uno al que el hada inspiró desde la cuna el gusto del disfraz y la máscara, el desprecio por el domicilio y la pasión por viajar.

Multitud, solitud: términos iguales y convertibles para el poeta activo y fecundo. Quien no sabe poblar su soledad, tampoco sabe estar solo en medio de una muchedumbre atareada.

El poeta disfruta de ese incomparable privilegio, porque puede ser él mismo y otro, según su voluntad. Como almas errantes que buscan un cuerpo, entra cuando quiere en el personaje de cada quien. Sólo para él, todo está disponible y si ciertos sitios parecen estarle vedados es que a su criterio no vale la pena visitarlos.

El paseante solitario y pensativo obtiene una singular ebriedad en la comunión universal. El que desposa fácilmente a la multitud conoce febriles alegrías, de las que eternamente se verá privado el egoísta, cerrado como un cofre, y el perezoso, enquistado como un molusco. El adopta todas las profesiones, todas las dichas y todas las miserias que la circunstancia le presenta.

Lo que los hombres llaman amor es demasiado pequeño, demasiado restringido y demasiado débil, comparado con la inefable orgía, la santa prostitución del alma que se da entera, poesía y caridad, a lo que imprevistamente aparece, al desconocido que pasa.

A veces es bueno enseñarle a los felices de este mundo, más no sea para humillar un instante su estúpido orgullo, que hay una felicidad superior a la suya, más vasta y más refinada. Los fundadores de colonias, los pastores de pueblos, los sacerdotes misioneros exiliados en el fin del mundo, sin duda algo conocen de esas misteriosas embriagueces; y, en el seno de la vasta familia que su genio creó, a veces deben reírse de quienes los compadecen por su suerte, tan agitada, y por su vida, tan casta.)

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